Manifeste de La Maison des femmes
À l’origine de La Maison des femmes, il y a la prise de conscience d’une médecin gynécologue-accoucheuse : les violences subies impactent la santé des humains, mais ce sujet n’est jamais abordé dans la formation des médecins, et de ce fait, rien n’est organisé pour que les patientes abordent cette question.
Elle a alors l’idée d’un lieu dont l’existence même serait le début d’une prise en charge, une invitation aux femmes et aux enfants (car hélas les gynécologues et les sages-femmes ne soignent pas vraiment les hommes) à parler et à demander de l’aide.
C’est ainsi qu’est née La Maison des femmes en 2016 : une structure médico-sociale unique, rattachée au Centre hospitalier de Saint-Denis et ouverte sur la rue, où les femmes victimes de violences reçoivent des soins et sont soutenues dans leur reconstruction.
Moi aussi, j’ai fait un rêve…
J’ai rêvé que les femmes, qui sont tout à la fois la moitié du ciel, l’avenir de l’homme et le sel de la terre si l’on en croit les poètes, étaient devenues des êtres humains, libres, égales et fraternelles. J’ai rêvé qu’elles quittaient leurs habits de sorcière. J’ai rêvé qu’elles n’étaient plus de simples matrices productrices de chair à canon, des variables d’ajustement, des faire-valoir ou des souffre-douleurs. J’ai rêvé que leurs cheveux, leurs bras, leurs jambes n’étaient plus des incitations aux violences. J’ai rêvé que leurs maris, leurs frères, leurs mères n’avaient plus droit de vie et de mort sur elles. J’ai rêvé que leur sexe à la naissance ne les condamnait plus à une mort immédiate.
J’ai rêvé que leur hymen n’était plus la partie la plus importante de leur anatomie. J’ai rêvé
que leur clitoris n’était pas un pénis à extirper. J’ai rêvé qu’elles avaient droit au plaisir, à la séduction, à l’autonomie, au pouvoir. Les femmes ne doivent plus être la plus grande minorité opprimée vivant sur terre ! Parce que les femmes sont vos compagnes Messieurs et aussi des mères en devenir. Parce que leurs enfants sont les citoyens de demain et qu’elles sont leurs toutes premières éducatrices, Parce que le monde sera ce qu’ils en feront et que nous sommes responsables des conditions dans lesquelles elles les mettent au monde et les aident à grandir
Ghada HATEM,
2016