L’EVARS a fait sa rentrée

L’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle (EVARS) attendait son programme depuis vingt-quatre ans. Il a fait sa grande rentrée en septembre. Il était temps.

L’EVARS, c’est quoi ?

L’EVARS répond à la loi de 2001 qui impose 3 séances par an d’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle, de la maternelle au lycée. Une loi très peu appliquée dans les faits (seuls 15% des élèves en bénéficiaient) pour plusieurs raisons : manque de temps, de moyens…et de programme.

Pourtant, son enseignement est crucial à l’heure où 160 000 enfants se font agresser sexuellement chaque année et où la santé sexuelle des jeunes est en fort recul (de 2014 à 2022, la part d’adolescent·es de 15 ans, européen·nes, utilisant un préservatif lors de leur dernier rapport sexuel est passée de 70 % à 61 % pour les garçons et de 63 % à 57 % pour les filles).

Une entrée en vigueur retardée

Retardée par le mercato gouvernemental et ses changements de ministres, le programme devait être présenté en décembre 2024 au conseil supérieur de l’éducation, instance consultative rassemblant les acteur·ices de l’éducation, puis être publié. Mais c’était sans compter sur l’ultra-droite et les sphères conservatrices qui se sont fait entendre. Pétition, tracts mensongers, contestations dans l’espace médiatique ont eu raison de la volonté du ministère de l’éducation nationale qui a décidé de retravailler le texte. Celui-ci a finalement été validé et publié en février 2025.

Un programme résolument progressif

N’en déplaisent à ses détracteur·euses, le programme de l’EVARS a été conçu avec nuance et progressivité en abordant :

  • en maternelle : la découverte du corps, l’expression des émotions, et les premières bases de l’égalité entre filles et garçons ;
  • en primaire : les changements liés à la croissance, à la protection de l’intimité et à l’identification des discriminations sexistes ;
  • au collège : là seulement arrivent les thématiques liées à la sexualité comme la santé sexuelle,  une initiation critique face aux contenus pornographiques, la puberté, l’identité de genre et la prévention des violences ;
  • au lycée : les questions de responsabilité individuelle, de consentement, ainsi que la prévention des infections sexuellement transmissibles (IST) ou encore les dangers des réseaux sociaux.

Des doutes persistent quant à son application ­

Malgré sa publication, la tension autour de ce programme reste palpable et les contestations demeurent. Certains reprochant à l’EVARS d’être intrusif et de prendre le pas sur des notions qui devraient être abordées (ou non) au sein de la famille. Or on sait que la famille est le cadre privilégié des violences dont les enfants sont victimes.
La crainte porte donc sur les contestations pendant l’enseignement. Sophie Vénétitay, secrétaire générale du SNES-FSU (Syndicat National des Enseignements de Second degré), témoigne « On a vu à quel point certains parents ont été utilisés avec la diffusion de fake news ». Il faut donc se préparer à un afflux de désinformation. À titre d’exemple, une pétition intitulée  « À l’école, enseignez-moi les divisions, pas l’éjaculation », totalisait plus de 18 500 signatures fin août. Le ministère de l’Éducation nationale a cependant prévu des dispositions en cas d’incidents graves : procédure disciplinaire pour l’élève, signalement au procureur de la République ou encore la protection fonctionnelle de l’enseignant.